Le forum du filage

Je viens d'aller sur ton site.  Je n'y ai pas vu de tissage. Juste  trois modèles de housses pour vêtements en tissu.

Est-ce que tu fais du tissage, comme le titre de ton fil le laisserait supposer mais dont tu ne nous parles pas ?

Je suis persuadée qu'il existe des forum "couture" où tu trouverais sans doute des réponses aux questions que tu pourais te poser sur la couture. 

Un peu hors sujet  de ce fil mais plus "dans le sujet" de ce forum, je suis allée hier à Vézelay. Juste pour voir si "la boutique d'en bas"  vendait toujurs des tissages. En fait, à l'époque (années 80) c'était toujours le même modèle de châle en mohair frangé. Point toile.  Il reste quelques exemplaires très défraîchis de ces tissages dont des centaines ont dû être vendus ! A présent des centaines de tricots genre tricot main grosse maille.  Sans doute très bien mais pour ma part sans intérêt.

En revanche, j'ai poussé jusque notre ancienne boutique, bcp plus haut dans la rue. Surprise la même tisserande tient encore boutique, depuis 1986 ou 87 date à laquelle nous lui avions cédé le fond.  Voilà : elle tisse !   Et elle coud, elle aussi (je rejoins par ce biais le sujet du fil).  J'ai admiré non pas son vieux métier à tisser, entr'aperçu derrière une fenêtre mais  ce qu'on appelle "le métier" de gens qui connaissent le leur à la perfection.

Pourtant elle se contente, la plupart du temps d'armure toile. De 4 lames - elle me dit pouvoir en mettre 6 mais n'en voit pas l'utilité eu égard aux objets qu'elle est susceptible de vendre.

Ses fils ? Beaucoup de mohair, d'un soyeux à tomber ! Et des matières  dont , malgré les dizaines de kilos (ou plus) que j'entasse chez moi (suite à récupérations diverses pas toujours souhaitées) je ne saurais même pas rêver.

Voilà. Elle ne fait pas fortune. Elle vend d'autres objets.. Par nécessité.  Elle aime son métier mais j'imagine que parfois elle trouve ça un peu répétitif.  Elle dit n'avoir pas le temps de prendre de temps en temps un stagiaire...  Toute une vie quoi !


Pour moi, qui ai vécu des heures pénibles dans l'arrière boutique à pousser mon charriot  de machine à tricoter durant quelques petites années... Est-ce que je regrette vraiment  la vie de Marie-Noëlle  ? 

Et vous, qui tissez, qui filez... qui teignez (à au fait j'oubliais, elle teint aussi des carrés de soie !)  vous qui êtes "accro" de votre hobby, en auriez-vous fait un métier ? Ou souhaiteriez-vous encore le pratiquer ? Avez-vous mesuré l'ennui de la répétition ?
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Dernière modification par Boz (20-03-2011 07:36:19)

Odile  j'ai idée que dans ce forum tu es un peu assise entre 2 chaises !!

la couture , la vraie : c'est ma base et le tissu aussi du coup !

mais je constate que nos tisseurs et tisseuses, dans leur grande majorité, ne taillent pas volontiers dans leurs pièces
si bien qu'ici, la couture est réduite à son minimum

toutefois, si tu as une interprétation nouvelle de la couture pour les tissus qui fleurissent sur ce forum, tu vas interesser bien du monde :
raconte-nous
nous sommes toutes très ouvertes et ne demandons qu'à aller de l'avant et "faire du nouveau"

@ moimamy d'accord avec toi c'est vrai que c'est toujours un peu frustrant pour quelqu'un qui a la couture comme métier de voir que les tisserands n'imaginent pas de couper dans les pièces qu'ils tissent,mais comme je les comprends,je sais la somme de travail et de patience qu'ils mettent dans leurs oeuvres ce serait vraiment un crêve-coeur.

il y a quelques années j'étais du confectionner des housses de coussins pour un canapé et deux fauteuils dans un tissu tissé main par ma cliente,un superbe tissu violine et bleu nuit ,en lin une vraie merveille.
Je peux vous dire que j'ai contrôlé dix fois mes mesures avant de couper,j'ai pris les pièces avec un maximum d'économie et surtout j'ai été fière de pouvoir rendre à ma cliente plus de 2 mètres de tissu non utilisé.

Quand à la question de faire de nos hobbys une profession en ce qui concerne les arts dont on parle dans ce forum je crois qu'il ne faut pas rêver.Il faudrait changer la société ou bien une catastrophe qui ferait s'éffondrer le système de production actel.

J'ai la chance d'avoir apris la coupe des patrons et la couture dans une école professionnelle.j'ai ensuite fait un apprentissage de coutepointière métier que j'exerce depuis bientôt 30 ans et pour moi la répétition n'existe pas ou presque.( 17 paires de voilages cousus à la main,320 mètres d'ourlets avec des tout petits points ,un mois de travail et envie de les bazarder par la fenêtre)les tissus sont tous différents les façons aussi.

Je comprends que quand on doit produire dans le "vide" pour des acheteurs parfois la série est indispensable ne serait ce que pour pouvoir en retirer un bénéfice.
Ensuite il faut savoir que vivre d'un métier manuel est difficile de toute façon.
Je vis en Suisse où les salaires sont assez élevés mais je peux dire qu'avec mon compagnon(plombier)on est, malgré beaucoup d'heures de travail des "pauvres"mais pour rien au monde je ne changerais de métier.

.Lolatralala,
Je suis allée sur ton blog.

Quand j'ai ouvert, j'ai cru que je m'étais trompée dans mon pianotage et qu'il s'agissait des photos de nos "gros" travaux de rénovation et de construction ! 

Nous, au moins, ce sont ces gros, très gros travaux qui nous ont permis de sortir d'une situation pour le moins catastrophique !

A présent : retraite avec, entre autre tissage.  On apprécie bien davantage quand on remonte de très bas !

Je ne pense pas que cela doive rester enfermer dans le rôle du hobby. Pour nous, ici, c'est notre manière de vivre et, plus nous fabriquons de la base, moins nous avons besoin d'argent et plus nous avons de bonheur et de qualité de vie. Les besoins premiers ne sont pas aussi important que l'on veut nous le faire croire ce qui permet de choisir comment remplir notre espace ensuite. La vie est bien plus belle dans sa simplicité et les sources d'occupation innombrables. Résultat, pas de déprime, pas d'ennuie...

Bien d'accord aussi avec vous deux!  Vivre à la campagne est ce qui paut nous arriver de miaux pour sortir de cette société de consommation et se rendre compte de nos vrais besoins; être nourri, logé, vêtu et avoir une vie sociale.  Le tout à différents degrés puisque nous sommes tous différents.

Justement, c'est une des premières choses que j'ai dues apprendre ici, la valeur du temps et la valeur que nous voulions donner à l'argent. En accordant plus de temps aux choses que nous fabriquons, nous leur donnons plus de valeur et nous obtenons plus de plaisir et dans la réalisation et dans l'utilisation. En contre-partie, de manière étrange, l'argent que nous avons et que nous devons dépenser, prend plus de valeur. C'est comme un équilibre qui se crée, une autre façon d'aborder la vie.

Je réfléchissais il y a quelques jours,au temps que les hommes et les femmes mettaient pour fabriquer leurs vêtements,quand ceux-ci ne venaient pas de l'autre bout de la terre.
Sans remonter au néolitique,les membres de ce forum sont bien placés pour entrevoir toutes les étapes et le travail nécéssaires depuis la matière brute jusqu'au produit fini.
On comprend mieux que les vêtements passaient d'un enfant à l'autre,qu'ils étaient racommodés,rapiécés,transformés jusqu'à l'extrême.
Là aussi le temps nécéssaires à la fabrication donnait de la valeur aux vêtements.

je me suis mise à coudre il y a 3 ans 
en moyenne 2 x 3 heures par semaine et je taille maintenant de façon autonome et les modèles sont ajustés comme il faut.Quel plaisir de réaliser des vêtements qui vont bien. Du sur mesure quelque soit la taille où les formes et je n'en manque pas. De sucroit ,je fais une économie pécuniaire puisque je ne  compte pas mon temps et c'est made in france avec le plus possible de fibres européennes

Je connais une vieille dame d'origine roumaine qui fait ses vêtements uniquement avec de la récup'. Elle redécoupe des pièces trouvée à droite à gauche, elle rajoute des morceaux tricotés et crochetés main; Au total elle a un look complètement délirant, flashy et rigolo! Même moi j'oserai pas faire ça. Mais ça va bien avec sa personnalité.
C'est drôle votre discussion: je suis en train de lire un bon vieux policier, et j'y ai trouvé un dialogue qui devrait plaire à certaine:
"-j'ai grandi en sachant qu'il est mal d'avoir plus que ce dont on a besoin. Ça veut dire qu'on ne se soucie pas des siens. Si on gagne trois courses de suite, il vaut mieux ralentir un peu. Laisser gagner quelqu'un d'autre (...)
- ce n'est pas ça qui te permet d'entrer à la faculté de droit, ni d'échapper à la pauvreté
- ça dépend de la façon dont tu définis la pauvreté
- les livres de droit la définissent. Une famille de x membres disposant d'un revenu annuel inférieur à y
- j'ai rencontré un homme de 40 ans à un chant Yeibichai il y a quelques années. Il tenait un cabinet de comptabilité à Flagstaff et il était venu à Burnt Water parce que sa mère avait eu une crise cardiaque et qu'ils organisaient un rite guérisseur pour elle. J'ai dit quelque chose comme, "vous avez l'air de bien vous débrouiller". Et il m'a répondu "non, je serai pauvre toute ma vie. " Alors je lui ai demandé ce qu'il voulait dire, et il m'a répondu, "personne ne m'a jamais enseigné aucun chant"

Tony HILLERMAN
Un homme est tombé

C'est auteur qui a pour particularité de placé ses intrigues dans la réserve Navajo. Ses héros sont des policiers indiens.

Bonsoir,
Je ne savais pas que relancer l'idée de parler couture tisserait autant de propos philosophiques sur la manière de vivre… intéressant ce cheminement.
Visiblement, c'est le terme de hobby qui a déclenché des réactions… j'ai employé ce terme pour dire tout simplement qu'aujourd'hui, le temps ne me permet pas de tout fabriquer (et pourtant de fabriquer tout ou quasiment tout mon désir est grand)… mais la vie de tous les jours (les tâches domestiques même réduites au minimum, la vie de famille… et j'aime échanger avec les miens, le travail pour subvenir aux nécessités et je n'ai pas des goûts de luxe…) ne laisse pas toujours le temps qu'on souhaite. Franchement, les journées sont trop courtes… en plus j'essaie de vivre de mon travail de couture ce qui prend du temps très plaisant…

J'ai suivi ce sujet sans commenter mais je me suis délectée ! Comme cette philosophie se colle bien à la mienne...
Tu vois OdileD, j'ai encore de la difficulté à bien faire comprendre à des personnes qui ne me connaissent pas personnellement, que le fait de cultiver mes légumes n'est pas un hobby, mais un style de vie puisque je travaille avec la terre pour assurer une bonne partie de ma subsistance et celles des autres membres de ma famille encore à la maison...
Mon activité de vie prendrait du sens pour eux si je cultivais pour vendre, autrement, c'est insensé à leurs yeux puisque ne rapportant pas d'argent sonnant...
Pour eux, je fais figure d'un autre temps, comme si j'oubliais de "vivre"(!!!) et que je n'avais qu'à me procurer de quoi manger au supermarché comme ils le font...
Trotinette, merci pour cet extrait !
Je file arroser les semis...