Le forum du filage

vive la petite pause d'onze heures, j'ai fait des copies d'écran pour me rappeler + pour que vous ne deviez pas regarder toute la vidéo

Dernière modification par taty (10-04-2018 12:34:27)

Merci Betty pour ton retour, c'est bien ce qu'il me semblait au vu de la photo, que ce système risquait de ne pas être très pratique. Moi pareil que toi, si je ne peux pas faire un attachage adéquat, j'aime autant les manettes !

Ah! si on avait un musée des métiers actuels où on peut tout essayer... J'ai bien visité la manufacture à roubaix, mais ce sont d'anciens métiers assez sophistiqués. Allez, courage! on continue à chercher...

Taty a écrit:

J'imaginais : si je fais un motif simple ou un sergé, je peux utiliser les pédales; si je fais plus compliqué je les détache et j'utilise les manettes, pour avoir plus d'options.

Ca dépend de quel type de métier tu parle. Betty expliquait que sur Ashford, c'est 1 cadre attaché à 1 pédale : cadre 1-pedale 1, cadre 2-pédale 2...
Concrètement, cela signifie que si tu veux tisser du sergé tu dois appuyer sur 2 pédales en même temps pour réaliser la séquence suivante : 1+2, 2+3, 3+4, 1+4
Tu n'a pas la fluidité du vrai attachage des pédales. Là c'est comme si tu levais des manettes, mais avec les pieds (en pire car si tu n'a pas l'habitude, tu doit passer ton temps à regarder tes pieds). Cela te libère certes les mains, mais pas les neurones. Autrement dit, c'est toujours compliqué à peu de choses près.

Tandis que si tu peux relier plusieurs cadres à une pédale, tu attache pour le sergé sur la pédale 1: cadre 1 et 2, pédale 2: cadre 2 et 3, pédale 3: cadre 3 et 4 et pédale 4: cadre 1 et 4. Avec cet attachage ton sergé c'est pédale 1, 2, 3, 4. Si tu gère  bien, tu ne regarde jamais tes pieds et c'est fluide.
Et si tu as 6 pédales tu peux même de la toile sur les pédales des extrêmités. C'est toujours pratique d'amorcer le tissage par quelques duites de toile pour mieux faire les finitions ensuite.
L'avantage de ce type d'attachage, c'est que si tu as vraiment un grand nombre de séquences (comme ton essai en chemin de roses par exemple), tu peux décider d'attacher cadre 1 pédale 1, cadre 2 pédale 2 ... et c'est là où tu as la liberté des possibles !

Avec Ashford et ses pédales tu ne peux que attacher 1 cadre à 1 pédale, d'un autre côté tu as deux possibilités selon ce que tu souhaite.

Avec Saori tu attache comme tu veux, 3 cadres pour 1 pédales (4 ça ne servirait à rien bien sûr), 2 cadres pour 1 pédale ou 1 cadre pour 1 pédale. Les 4 cadres ont 6 pédales, donc j'attache ma toile sur les pédales extérieures.

tu as tout compris papolette: je fais partie de ceux qui comprennent mieux en photos!
par exemple: une photo de l'attachage standard de tes pédales pour un motif donné..
1. tu n'utilises pas les manettes? ou dans certains cas?
2. ton expérience contredit-elle ou confirme-t-elle ce qu'en dit Sandrine au msg nr 33?
merci!

merci!
Betty, je ne vise pas la rapidité avec les pédales, car en hobbyiste ça n'a pas de sens, on n'a pas d'impératif de productivité; je pense "fluidité" du mouvement, car pour moi le tissage, comme le filage, est méditatif.
Ecouter l'interview/podcast de James Koehler, moine bénédictin californien, prof de tissage, où il parle de ses prières en tissage : http://www.weavecast.com/tapestry-james-koehler/ (chez weavezine).
Ne pas chercher son site, il est décédé entre-temps.
Pour le plaisir des yeux, une de ses oeuvres, photo de rebeccamezoff.blogspot:


Ceci dit, je n'ai jamais utilisé les manettes, je me représente mentalement la fluidité/non fluidité qu'elles impliqueraient, qui sait si je ne trouverais pas le même rythme lancinant qu'avec les pédales (piccolo de saori et essai chez filaretordre)?

Oui, c'est tout ce que les tisserand(e)s pro ne peuvent pas faire : se faire plaisir, se détendre, s'exprimer et non pas chercher l'efficacité !

Oui, dans l’idée, tu pourrais, bien sûr. Cela ressemble à 2 pédales qui attachent deux cadres.
Mais tu n'as plus la liberté d'employer aucune de ces quatre manettes ensuite indépendamment ou pour des duites de sergé, car elles sont bloquées.
C'est là que les marches interviennent pour faire un relai entre les pédales et les cadres...

Pour moi, l'attachage apporte une grande fluidité dans le geste, un mouvement plus libre. Mes pieds font leur pas mes mains les trames et mon esprit peut vagabonder pour créer...

Nous avons parlé de vitesse un peu avant.
Je trouve que tisser vite ou pas vite, ce n'est pas un critère de quoi que ce soit, et rien à voir avec être pro ou pas pro....
C'est comme marcher. Certaines personnes marchent vite, même si elles ne sont pas pressées... C'est dans leur rythme.

J'avoue que j'aime quand mes navettes glissent les unes après les autres, quand mes pieds ouvrent la foule. Il y a un plaisir des gestes. Et pourtant, je ne suis pas pressée

Boz,

Je t'assure qu'il y a de nombreuses pro qui vivent de leur tissage et qui font des merveilles très recherchées. Et qui passent beaucoup de temps dans la recherche. Certes, ce ne sont pas forcément celles que l'on voit dans les marchés de tisserands genre marche de Noël.

A Felletin, que je connais mieux, il y a de tout dont certaines vraies merveilles, bien au delà du chemin de rose... Vraiment !

Mais tu as fort raison quand tu dis que la majorité des tisserands utilisent la toile, des chevrons, mais peu d'autres choses. Ce qui n'empêche pas d'être joli et inventif parfois.

Je connais de nombreuses pro qui vient de leur tissage artisanal. Certains, je pense qu'elles ne font pas fortune. Et la vitesse du tissage n'est qu'un maigre critère, je t'assure.
La simplicité du pédalage, le choix du fil qui pourra permettre de gagner de la vitesse, un bon métier bien réglé...

J'ai trop d'estime pour les quelques pro que je connais pour te laisser dire cela. Sincèrement.
Et je ne suis pas du tout aussi défaitiste que toi. Je pense particulièrement à celles qui tissent sur des 16 cadres au moins. Si ce n'est la recherche et la complexité des armures, que recherchent t'elles ? Pas seulement de la toile, vraiment...

C'est sans doute dans la définition du pro que nous ne nous retrouvons pas. Car ce n'est pas parce qu'on aime tisser, qu'on fait de belles choses, qu'on est créative qu'on devient pro pour autant. J'en connais certaines qui ont tout autant mon respect. C'est surtout difficile de rentrer dans ce monde artisanal artistique quand on démarre de rien... Trouver le bon filon, trouver le bon lieu, ne pas être seule...

Vive le tissage, vive les beaux tissus, et vive le plaisir que chacun y trouve ,
Avec un revenu parfois ...

Ce n'est pas pour polémiquer. C'est pour rendre hommage à toutes celles qui y arrivent